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Calls for Papers and Contributions

Colloque "La stigmatisation : une lecture interdisciplinaire"
Posted: Thursday, October 25, 2018 - 12:51

Centre cognitif des Etudes et des Recherches El Madar en collaboration avec l’Université de Sfax et l’Université de Gabès 

Sousse, les 8 et 9 février 2019

Avec la coopération de l’Université Félix Houphouët Boigny (Abidjan, Côte d’Ivoire), le Groupe de Recherches sémiotiques de Côte d’Ivoire (GRS-CI), le Laboratoire « Approches du Discours » (LAD), Le laboratoire de Recherches : Études Maghrébines, Francophones, Comparées et Médiation Culturelle et l’Unité de recherche Etat, Culture et Mutations de la société (ECUMUS).

 

PRÉSENTATION

Phénomène social par excellence, la stigmatisation repose sur un ensemble de stratégies de discrimination d’un individu ou d’un sous-groupe d’individus par un groupe dominant ou majoritaire dans une société bien déterminée. Traditionnellement fréquente dans la médecine et plus particulièrement dans la psychiatrie, la stigmatisation touche aussi bien les malades atteints de troubles psychiques que leurs proches et même les psychiatres et les soignants qui les prennent en charge.

Étymologiquement, la stigmatisation est l’action physique de « marquer de manière définitive le corps de quelqu’un afin de lui donner une cicatrice distinctive » (Le Petit Robert). Il en va ainsi des stigmates résultant de la crucifixion de Jésus Christ comme de l’opération de marquer les criminels au fer rouge en France sous l’Ancien Régime. D’où la mise en écart d’un individu dont le comportement déroge aux normes d’une société bien déterminée. Irving Goffman identifie dans cette perspective trois formes de stigmatisation : la première touche les personnes présentant une déformation physique remarquable (cicatrices, infirmités physiques, obésité ou au contraire anorexie…), la deuxième concerne plutôt les personnes manifestant des différences de type comportemental (troubles mentaux, toxicomanie, alcoolisme, homosexualité masculine ou féminine, délinquance…), la troisième trouve sa source dans les différences ethniques, idéologiques, culturelles, religieuses, sociétales…

D’une manière générale, le stigma est considéré comme un attribut profondément disqualifiant pour l’individu qui le porte dans la mesure où il le fait passer du statut d’une personne « complète » et « normale » au statut d’une personne « incomplète » et « anormale » pour le réduire enfin à un label négatif (un toxicomane, un criminel, un obèse, un homosexuel, un noir…). Mais, y a-t-il en fin de compte une norme sociale qui soit universellement admise par toutes les communautés humaines ?

Il convient de remarquer tout de même que si le stigmate physique ou moral, considéré comme une déviance par rapport à la norme, conduit à rejeter l’individu stigmatisé, lui-même peut être sujet au phénomène de l’auto-stigmatisation s’il se rend compte du fait qu’il est indésirable et dégradé socialement. Mieux encore, la situation peut se renverser dans la mesure où le stigmatisé peut devenir à son tour stigmatisant par rapport à ceux qui l’ont déjà stigmatisé.

Tel est par exemple le cas de Franz Fanon, psychiatre martiniquais, arrivant en France métropolitaine, face à ses patients, qui sont par essence stigmatisés en raison de leurs troubles psychiques, ce qui ne les empêche pas pour autant d’être « stigmatisants » à l’égard de la peau noire de leur médecin comme tous les autres Français de peau blanche. Le schéma devient plus complexe lorsque Fanon, lui-même, avoue dans Peaux noires, masques blancs, que de stigmatisé qu’il était au départ, son statut de psychiatre noir soignant des malades blancs, lui confère une certaine supériorité par rapport à ses vis-à-vis et l’amène parfois à prendre une attitude « stigmatisante » dans ce jeu symétrique entre individus de couleurs différentes.

D’où la présence de la dialectique de l’agent et du patient au niveau des rapports complexes entre stigmatisation et auto-stigmatisation. Un autre écrivain martiniquais, Aimé Césaire refuse de succomber à l’auto-stigmatisation et réplique par l’offensive à la stigmatisation dont sont victimes les Noirs pour fonder le mouvement de la négritude qui refuse l’intériorisation de ce que Howard Saul Becker appelle l’étiquette dans le cadre de sa théorie de l’étiquetage.

En littérature, la stigmatisation trouve sa meilleure expression dans la question de la marginalité dans la mesure où les auteurs qui ne reproduisent pas ou qui refusent délibérément de se conformer à l’idéal littéraire de leur temps sont souvent stigmatisés et marginalisés par l’institution officielle. Il en va ainsi des auteurs libertins qu’on trouve pratiquement dans toutes les sociétés et dans toutes les cultures du fait de leur écart par rapport aux règles normatives, religieuses ou sociales. Issu du latin « libertinus » au sens d’« esclave affranchi », le mot « libertin » a en effet fait son entrée dans la langue française au début du XVI è siècle (1525) au sens d’homme puis d’auteur affranchi du poids de la religion et des coutumes.

Cela dit, le phénomène du libertinage n’est pas récent puisque déjà à l’époque romaine Épicure est taxé de libertinage en raison de son matérialisme. De même, dans l’Italie de la Renaissance, Machiavel auteur du livre Le Prince, qui est paradoxalement une référence incontournable pour tous les politiciens du monde, est considéré comme libertin, et ce pour son pragmatisme politique. D’ailleurs, certains auteurs libertins italiens à l’instar de Vanino Vanini et de Giordano Bruno n’ont pas été seulement stigmatisés par les autorités religieuses de leur temps mais également condamnés à l’autodafé et brûlés vifs sur les places publiques pour dissuader leurs contemporains de porter les stigmates tant redoutés de « penseur libertin », de « libre penseur » ou encore d’« esprit fort ». Il suffit de lire à ce propos Surveiller et Punir où Michel Foucault retrace l’histoire de la torture à l’époque classique pour se rendre compte de l’horreur des supplices inhumains que l’Église catholique et l’Inquisition ont exercés sur les auteurs libertins et sur les « hérétiques ».

Mais, il n’y a pas que les libertins qui furent l’objet de stigmatisation de la part des religieux fanatiques, les hommes de science tels que Galileo Galilée ont, eux aussi, payé de leur vie leurs révolutions scientifiques qui sont universellement saluées et reconnues de nos jours.  

Mais au-delà de la mouvance du libertinage moral et philosophique de l’âge classique qui fut au cœur d’un large mouvement de stigmatisation à l’instigation des autorités religieuses et à moindre degré des autorités politiques de l’époque, la Querelle des Anciens et des Modernes, qui a divisé les hommes de lettres du XVII è siècle, a donné lieu à une grande compagne de stigmatisation et de contre-stigmatisation de la part des deux parties opposées de cette controverse littéraire. En réalité, cette querelle a éclaté à l’occasion de la publication en 1687 du poème « Le Siècle de Louis le Grand » où Charles Perrault remet en cause la fonction de modèle de l’Antiquité gréco-latine sous le masque de l’éloge de la majesté et de la splendeur du règne de Louis XIV. D’où la réaction virulente de Nicolas Boileau, chef des Doctes et des Anciens, aux hardiesses de Perrault et des Modernes.

À la fin du XIX è siècle, ce sont les « poètes maudits » à l’instar de Baudelaire et du « couple » Verlaine-Rimbaud qui ont ouvert la voie à la modernité littéraire en assumant pleinement les stigmates de la malédiction sociale et esthétique en signe de provocation à l’encontre de leurs émules et de leurs exégètes. L’on pourrait multiplier à ce propos à l’infini les exemples des auteurs de différentes contrées du monde qui ont subi le sceau de la stigmatisation tantôt sous le mode de la résignation tantôt sous le mode de la réaction. Il existe, en revanche, des cas d’auteurs qui ne furent pratiquement jamais l’objet d’une quelconque stigmatisation, ce qui ne les a pas empêché de défendre la cause de certains individus ou communautés humaines stigmatisés.

Le cas le plus emblématique à ce propos est celui de Jean-Paul Sartre qui s’est engagé dans le mouvement de l’anticolonialisme pour dénoncer les abus de la France, « pays de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen » (1790), à l’égard des peuples de l’Afrique. De même, en forgeant le concept du « tiers-mondisme », Sartre s’insurge contre la nouvelle classification des pays qui est issue de la Deuxième guerre mondiale.

Actuellement, dans le contexte de la modernité et de la postmodernité, un mouvement universel de dénonciation et de lutte contre la stigmatisation dans toutes ses formes traverse les textes de lois et les constitutions de toutes les sociétés. D’ailleurs, c’est dans les programmes scolaires officiels que l’on trouve l’expression de cette tendance pour répondre à cette politique de formation des nouvelles générations à travers les fameux thèmes de « la paix », de « la tolérance »…

Cela dit, bien que ces questions ne soient pas récentes dans les cursus éducatifs des jeunes écoliers puisqu’elles datent depuis plus d’un siècle, les résultats escomptés de ces politiques d’intériorisation de l’acceptation de la différence d’autrui devraient faire l’objet d’une évaluation et d’un bilan. En effet, si l’on prend à titre d’exemple l’ampleur du problème de l’intégration des émigrés dans les pays d’accueil, qui est l’une des causes principales du phénomène mondial de la violence et du terrorisme, le succès des politiques et des mouvements de lutte contre la stigmatisation devrait être mis en cause.

En définitive, il est assez judicieux de faire l’état des lieux du phénomène séculaire de la stigmatisation dans le cadre de ce congrès. Un certain nombre d’interrogations s’impose à ce propos : Quelles sont les multiples formes de stigmatisation qui traversent l’histoire humaine ? Quels jeux de forces s’exercent entre stigmatisation, contre-stigmatisation et auto-stigmatisation ? Dans quelle mesure la critique de la stigmatisation a-t-elle contribué à la lutte contre ce phénomène ? Quelles nouvelles stratégies faut-il adopter alors pour faire face aux manifestations renouvelables de ce phénomène ?  Peut-on repenser cette question sans avoir recours à différents angles de vue et à de multiples approches dans le cadre de l’interdisciplinarité ?

 

AXES

C’est pour répondre à ces interrogations et à tant d’autres que les chercheurs de différents domaines sont conviés à réfléchir sur la stigmatisation et à enrichir le débat sur ce sujet. Sans prétendre à l’exhaustivité, voici quelques pistes de réflexion :

I.       Les formes de la stigmatisation

1.      Physique (les handicaps, les difformités, les cicatrices, l’obésité…).

2.      Ethnique (Blancs et Noirs, Arabe et Amazighs…).

3.      Sociale (les enfants des cités et des banlieues, les citadins et les ruraux, les délinquants, les fils naturels, les homosexuels, les transsexuels, les marginalisés…).

4.      Culturelle et Religieuse (juifs et musulmans, chrétiens catholiques, protestants, orthodoxes… musulmans sunnites, chiites, daesch… minorité musulmane rohingyas au Mynmar, bouddhidtes, athées …).

5.      Politique (Conservateurs et Progressistes, les oppositions idéologiques entre les différents partis politiques…).

6.      Littéraire (Conservateurs et Modernistes, Conformistes et Anticonformistes, Libertins…).

II.      Les enjeux de la stigmatisation

1.      La manipulation politique des stigmas.

2.      La manipulation religieuse des stigmas.

3.      Les effets sociaux de la stigmatisation.

4.      L’influence des mass-médias et des réseaux sociaux en matière de stigmatisation.

5.      La récupération littéraire de la stigmatisation.

III.    Les stratégies de la dé-stigmatisation

1.      Les politiques de tolérance et de cosmopolitisme.

2.      L’appel à la cohabitation pacifique.

3.      Le rôle des mass-médias.

4.      Le rôle de l’enseignement.

5.      La mission des penseurs, des sociologues, des anthropologues, des artistes et des hommes de lettres.

Les objectifs du Congrès

•        Insister sur la pertinence de la réflexion au sujet de la stigmatisation.

•        Insister sur la nécessité d’une étude interdisciplinaire du phénomène de la stigmatisation (psychologie, sociologie, anthropologie, littérature, histoire, didactique…).

•        Cerner l’ampleur du phénomène de la stigmatisation.

•        Evaluer l’efficience des différentes politiques et stratégies déjà mises en œuvre dans la lutte contre la stigmatisation.

•        Essayer de définir de nouvelles stratégies pour faire face aux manifestations actuelles de la stigmatisation.

 

Bibliographie

1.      Blanchot, M. Faux pas, Paris, Gallimard, 1943.

2.      Canguilhem, G. Le normal et le pathologique, Paris, P.U.F, 2005.

3.      Collectif, L'adolescence à l'épreuve de la stigmatisation- Abdessalem Yahyaoui (Direction) Paru le 19 avril 2017, Edition In Press.

4.      Collectif, Les Mots de la stigmatisation urbaine, Jean-Charles Depaule (Direction), Les mots de la ville, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Éditions UNESCO, Collection : Les mots de la ville, 2006.

5.      Croizet, J.C., Leyens, J.P., Mauvaises réputations Réalités et enjeux de la stigmatisation sociale, Paris, Armand Colin, 2003.

6.      Dagognet, F. Changement de perspective : le dedans et le dehors, Paris, La Table ronde, 2002.

7.      Elias, N. La société des individus, Paris, Pocket agora, 1998.

8.      Fanon, F. Peaux noires, masques blancs, Paris, Le Seuil, 1952.

9.      Fassin, D, Rechtman R, L’Empire du traumatisme : enquête sur la condition de victime, Paris, Flammarion, 2007.

10.    Foucault, M. Surveiller et punir, Paris, Gallimard, 1975.

11.    Gauchet, M. La démocratie contre elle-même, Paris, Gallimard, 2002.

12.    Girard, R. La violence et le sacré, Paris, Grasset, 1972.

13.    Giordana, J.Y., La stigmatisation en psychiatrie et en santé mentale, Paris, Masson, 2010.

14.    Goffman, I. Stigmate : les usages sociaux des handicaps, Paris, Editions de Minuit, 1975.

15.    Le Bihan, Y., Construction sociale et stigmatisation de la « femme noire », Imaginaires coloniaux et sélection matrimoniale, Paris, Logiques sociales, 2007.

16.    Sloterdijk, P. La domestication de l’être, Paris, Mille et une nuits, 2000.

17.    Souleze Larivière D, Eliacheff C, Le temps des victimes, Paris, Albin Michel, 2007.

 

Président et Coordinateur général du Congrès

Dr. Abdelwaheb Bacha, Directeur du Centre cognitif des Recherches et des Etudes El Madar.

Coordinateur et Responsable de publication du Congrès

Dr. Lassàad Héni.

 

Protocole de participation et de publication

-        La proposition doit toucher l’un des axes du Congrès. Elle doit être également inédite et non extraite d’un quelconque travail académique (Mémoire de Master, Thèse…). Les langues des communications sont l’arabe, le français, l’anglais, l’espagnol et le turc.

-        Les communications ne doivent pas être en-deçà des 10 pages et au-delà des 25 pages. Les notes, les références et les annexes doivent figurer en bas de page. La bibliographie doit obéir à l’ordre alphabétique et figurer à la fin de la communication.

-        La proposition doit être sous la forme d’un projet de communication.

-        Les propositions acceptées pour la participation sont soumises à l’évaluation du comité scientifique en vue de leur éventuelle publication.

-        Les propositions en français, en anglais, en espagnol et en turc sont à rédiger dans la police Times New Roman, interligne 1.5, caractère 14, bas de page, caractère 12. Les communications en arabe sont à rédiger dans la police Simplified Arabic.

-        Les propositions doivent être accompagnées d’une brève notice biographique (Nom et prénom, Grade, Institution de rattachement, numéro de téléphone, émail..).

-        Les propositions en arabe doivent être accompagnées d’un résumé en français ou en anglais avec la délimitation de 5 mots-clés.

-        Les communications en français et en anglais doivent être accompagnées d’un résumé en arabe.

-        Le comité scientifique statue sur l’acceptation des propositions et informe les auteurs de la nécessité d’envoyer le texte complet de leurs communications avant la date limite de leur réception.

-        Les communications doubles sont acceptées à condition d’être présentées par un seul conférencier.

-        Les communications des doctorants doivent être sous la forme de poster.

-        Les enseignants universitaires et les docteurs sont libres de choisir la forme de leurs communications : conférence, poster…

Dates importantes

-        Dernier délai pour l’envoi des propositions : 30 novembre 2018.

-        Notification d’acceptation : 07 décembre 2018.

-        Dernier délai pour la réception des communications : 10 janvier 2018.

-        Envoi des invitations de participation : 20 janvier 2019.

-        Annonce du programme du congrès : 25 janvier 2019.

-        Réception des participants : 7 février 2019.

-        Tenue du congrès : 8 et 9 février 2019.

Frais de participation

-        Les frais de transport sont à la charge des participants.

-        Les frais de participation des enseignants et des étudiants algériens sont 22000 dinars algériens pour les chambres doubles à payer avant le 31 décembre 2018. Après le 1 janvier 2019 les participants sont conviés à payer la somme de 25000 dinars algériens.

-        Les frais de participation des enseignants et des étudiants tunisiens sont 230 dinars tunisiens pour les chambres doubles à payer dans le lieu du congrès.

-        Les frais de participation pour les citoyens des autres pays est 200 euros ou leur équivalent en dollar à payer dans le lieu du congrès.

-        Pour les chambres individuelles, les participants sont conviés à s’acquitter de la somme de 60 dinars tunisiens à raison de 20 dinars par nuitée.

-        Les frais de participation couvrent le séjour à l’hôtel, la restauration, le cartable du congrès, une attestation de participation cosignée par le Centre El Madar et l’Université de Gabès.

-        Les frais de publication électronique ou en papier sont 20 euros à payer dans le lieu du congrès.

Email du congrès

Congres.stigmatisation2019@gmail.com

Email du Centre El Madar

rsmcenterdz@gmail.com

Appel à contribution : “Représentation du désir féminin : entre texte et image”
Posted: Thursday, October 25, 2018 - 12:48

Appel à contribution pour le numéro 10 de la revue électronique Litter@ Incognita

(http://blogs.univ-tlse2.fr/littera-incognita-2/)

 

Trop souvent définie comme étant du côté des instincts et de la nature, la sexualité humaine est entourée de contraintes et d’interdits socialement construits. Trop souvent également, le désir sexuel exprimé et représenté est celui des hommes, principaux producteurs et premiers destinataires de ces écrits et de ces images. Le désir féminin a longtemps été construit en miroir par les hommes pour répondre à leurs propres fantasmes : le masochisme féminin faisant pendant au sadisme masculin ; l’exhibitionnisme féminin répondant au voyeurisme masculin ; le désir de violer, auquel correspondrait celui d’être violée, etc. La femme est ainsi traditionnellement un objet du désir et l’instrument de la jouissance masculine plutôt qu’un sujet qui parle, voit, agit et désire de façon autonome. En ce sens, le désir féminin semble d’une certaine manière invisibilisé, au mieux suggéré. Il resterait dans l’ombre non seulement de son pendant masculin, mais également des conventions sociales, littéraires, ou artistiques.

En 1975, Hélène Cixous écrit dans Le Rire de la Méduse : « [i]l faut que la femme s’écrive » (Cixous : p. 37). Pour elle, cet acte « marquera [entre autres] la Prise de la Parole par la femme, donc son entrée fracassante dans l’Histoire qui s’est toujours constituée sur son refoulement » (Cixous : p. 46). Mais qu’en est-il depuis cet appel lancé aux femmes à se « fraye[r] [leur] voie dans le symbolique » (Cixous : p. 59) ?

Le développement de nouvelles pratiques artistiques ainsi que l’essor des adaptations cinématographiques et télévisuelles de romans ces dernières décennies ont fait naître de nouvelles problématiques mais ont aussi permis l’émergence de nouveaux discours. Il nous semble ainsi intéressant de ne pas nous cantonner à l’écriture seule mais de l’articuler avec les images. Cette relation texte-image ne se limite pas au champ de la transmédialité ; elle est également au cœur de dynamiques intermédiales, si nous entendons l’intermédialité comme « l’ensemble des conditions qui rendent possibles les croisements et la concurrence des médias, l’ensemble possible des figures que les médias produisent en se croisant » (Marinielllo : p. 48). Il convient ainsi de se pencher sur des productions culturelles intermédiales et transmédiales qui déjouent les représentations textuelles, visuelles ou psychiques conventionnelles pour mieux interroger les modalités complexes de représentation du désir sexuel féminin. Il ne s’agit pas ici de mesurer ou de démontrer une hypothétique écriture féminine mais bien d’étudier ce que l’articulation entre le texte (écrit ou oral) et l’image (visuelle ou mentale) permet aux femmes dans la représentation et l’expression de leurs désirs sexuels.

Les modalités d’articulation entre les images et les textes ne relèvent pas uniquement d’un procédé réducteur de traduction “à la lettre” de l’image en texte, ou du texte en image. Les relations qui s’établissent entre ces deux éléments sont plus complexes, elles jouent fréquemment avec un écart volontaire entre ce que l’un et l’autre suggèrent. Ce décalage permet de fissurer la représentation, de créer des brèches à travers lesquels s’engouffre l’imagination du·de la lecteur·trice. Ce·tte dernier·ère se projette intimement dans ces failles qui ménagent un espace marginal, alternatif et ambigu, propice au développement du désir féminin. Nous nous intéresserons donc aux imbrications entre les textes et les images qui se répondent imparfaitement, se contredisent, s’opposent, créent des blancs et des silences, ménageant ainsi une multitude d’interstices désirants.

AXES DE RÉFLEXION

Nous invitons les chercheur·se·s et jeunes chercheur·se·s de toute discipline à interroger la relations entre l’articulation texte/image et le désir féminin. Nous proposons quelques axes de réflexion non exhaustifs afin de guider les contributeur·trice·s.

  • Adaptations cinématographiques et télévisuelles

Les adaptations de livres au cinéma ou à la télévision sont légion. Ainsi, plusieurs textes écrits par des femmes et mettant en scène leurs sexualités ont été adaptés à l’écran : on pense notamment aux séries Orange is the New Black ou My Mad Fat Diary mais aussi aux adaptations des romans de Nelly Arcan, Virginie Despentes ou encore Marguerite Duras. Quels changements le passage du texte à l’image opère-t-il sur la représentation de la sexualité et du désir des personnages et sur leurs effets sur le·a lecteur·rice et le·a spectateur·rice ? L’image en dit-elle plus ou moins que le texte ?

  • Tensions texte/image dans la bande dessinée, le roman graphique et l’album

La bande dessinée, le roman graphique et l’album se nourrissent de la tension entre l’image et le texte, sans cesser d’en réinventer les modalités. Ces trois supports, traditionnellement privilégiés par des artistes masculins, ont cependant été choisis par des artistes féminines, et souvent féministes, pour exprimer, crûment et/ou poétiquement, l’intime et le désir féminins, depuis les mouvements undergrounddes années 1960-1970 (par exemple avec les anthologies d’autrices Wimmen's Comix et Tits and Clits) jusqu’à nos jours (Le Bleu est une couleur chaude de Julie Marauch, Los Juncos de Sandra Uve, etc.). Leur revendication d’un regard féminin et féministe sur les corps, les désirs et les sexualités constitue également un contrepoint à une réification des corps et des personnages de femmes, habituelle dans certaines catégories de bandes dessinées sérielles (histoire, fantasy, science-fiction, etc.). Une réflexion sur la nature et l’évolution de l’intégration du texte à l’image, de la répartition graphique des éléments textuels et visuels sur la planche et de leurs rapports de force et de complémentarité dans ces œuvres d’autrices permettrait notamment d’analyser la déconstruction des représentations sexistes qu’elles opèrent.

  • Récits de fans : quand le désir des femmes fait désordre...

Parmi les formes d’expression du désir féminin les plus controversées, on compte le travail des fans. Les fanfictions, les fanarts ou encore le vidding sont des pratiques actives de la réception où les fans vont enrichir l’univers fictionnel d’un produit médiatique. Ces écrits et créations artistiques sont un terrain fertile de jeu et d’expression pour le désir sexuel d’une communauté très majoritairement jeune et féminine : ce sont donc des productions faites par et pour les femmes. La pudique romance hétérosexuelle est loin d’être toujours de rigueur : sadisme, masochisme, transsexualité, homosexualité, bisexualité, écriture et représentations explicites voire pornographiques, viols, etc. sont fréquemment au cœur de ces productions. La crudité de ces textes et images choque à l’extérieur (et parfois même à l’intérieur) de la communauté. Comment s’articulent alors les textes et les images de ces fans pour permettre l’expression de ce désir féminin parfois subversif et introduire du politique au sein de ces pratiques ?

La diversité des contextes dans lesquels la relation entre le désir féminin et l’articulation texte/image est susceptible d’apporter un éclairage invite à la discussion et à un renouvellement des questionnements scientifiques qui y sont attachés. Naturellement, la liste des pistes proposées et les domaines concernés ici sont non-exhaustifs et tout sujet qui se concentrerait sur des enjeux sous-jacents à la question posée sont bienvenus.

 

Bibliographie Indicative

BOURDAA Mélanie, ALESSANDRIN Arnaud (dir.) Fan studies, gender studies. La rencontre, Paris, Théraèdre, 2017.

CARANI Marie, « Le désir au féminin », Recherches féministes, n°18, 2005, 9–37.

CIXOUS Hélène, Le Rire de la Méduse et autres ironies, Paris, Galilée, « Lignes fictives », 2010.

DESTAIS Alexandra, Éros au féminin, Paris, Klincksieck, 2014.

GRAMMEL Irene (dir.), Confessional Politics : Women's Sexual Self-Representations in Life Writing and Popular Media, Carbondale, Southern Illinois University Press, 1999.

Alice HUGHES et Kate INCE (dir.), French Erotic Fiction: Women's Desiring Writing, 1880-1990, Oxford, Berg, 1996.

GRANOFF Wladimir et PERRIER François, Le désir et le féminin, Paris, Aubier Montaigne, 1979.

MACKINNON Kenneth, Uneasy Pleasure: The Male as Erotic Object, Londres/Cranbury, Cygnus Arts/Fairleigh  Dickinson University Press, 1997.

MARINIELLO Silvestra. Commencements. In : MÉCHOULAN Éric et al. (dir.). Naître [En ligne]. Montréal : Université de Montréal, Centre de Recherche Intermédiales sur les arts, les lettres et les techniques, 2003, Intermédialités, n°1, p. 47‑62.

POLLOCK Griselda, Differencing the Canon: Feminist Desire and the Writing of Art’s Histories, Londres et New York, Routledge, 1999.

 

MODALITÉS DE SOUMISSION

Les propositions de contributions en français (titre et résumé de 500 mots maximum), accompagnées d’une brève notice biobibliographique (affiliation institutionnelle, axes de recherche, publications majeures) sont à envoyer à l’adresse électronique de la revue Litter@ Incognita litterai@univ-tlse2.fr

Les articles sont soumis de manière anonyme à l’évaluation d’un comité scientifique composé d’enseignants-chercheurs de l’Université Toulouse Jean Jaurès.

 

Calendrier prévisionnel

  • Soumission des propositions avant le 19 novembre 2018
  • Annonce des résultats de la sélection des propositions : 1er décembre 2018
  • Soumission des articles complets retenus : 15 février 2019
  • Publication des articles évalués : juin 2019
CfP: "Timepieces"
Posted: Thursday, October 25, 2018 - 12:46

The University of Toronto’s Centre for Comparative Literature’s 29th Annual Conference 

50thAnniversary of the Centre for Comparative Literature 1969-2019

March 29th and 30th, 2019

 

PRESENTATION

What is time? How do we think about it? These timeless questions haunt us still.

From Aristotle’s unities of time and space, to Einstein’s theory of space-time dichotomy, to Bergson’s duration, the issue of temporal representation has raised questions about chronology/chronometry and conceptions of time as cyclical, linear, or multi-directional. Literature and other artistic media, such as music, theatre, film, photography, and visual arts have revolved around the paradoxical task of representing time’s passage, stasis, duration, embodiment, fragmentation, and distortion. Recently, diverse time-space epistemologies such as those founded in Indigenous cultures and questions of the digital, the postcolonial, memory, remediation of ephemera, ecology, and gender have opened up new perspectives on temporality. 

Attempts at temporal unification for cultural, economic and political reasons mark human history. Postcolonial time has often been considered an alternative temporality in opposition to Western forms of temporal homogenization (standard time, clock time, imperial time). However, can the postcolonial “other” encourage a perspectival definition of time while simultaneously helping to reconsider the alleged incommensurability between the time of the “other” and “Western temporality”?[1]

Time is also intrinsically linked to questions of cultural and personal memory and trauma. Acts of remembrance (re)enact the past in the present, and the imagination projects past and present into the future. By remembering and forgetting, witnessing and enacting, subjectivation and self-formation are mediated through time. What are the ethical implications of shaping the self through memory? Can time heal? Moreover, how does the multi-directionality of memory complicate linear and progressive understandings of time?  

“Hold on to the now, the here, through which all future plunges to the past,” wrote James Joyce. The opposite holds true as well – remembering the future as past can illumine how we address present problematics. The Anthropocene is upon us – an era of accelerated change and, consequently, collective human responsibility. Ice caps melting, oceans polluted and overfished, countless animals killed for human consumption – this is the contemporary condition of climate time. What roles does time play in ecology and the processes of extinction and climate change?[2]

It is in light of recent societal and planetary developments (climate change, globalization, multiculturalism, etc.) that re-thinking time and politics becomes urgent. The historical materialist thinking of time as capital persists in contemporary neoliberalism: “sustainability” is used as a catch-phrase in policy making, while simultaneously sustaining the belief in progress and exploitation. Time is still money, after all. Can alternative politics of time envision new and unexplored forms of society? Are utopian imaginaries of the future a productive way of thinking time and politics?[3]

We, as participants in the academic discourse, acknowledge that our current and future perception of time affects disciplines and structures in pedagogy and academia. Considering gender and marginalization in our reflections on temporality allow us to imagine time in unexplored yet crucial ways: to challenge more, critique louder, and erase erasure. Now is the time to consider what it means to be contemporary; what it means to participate in our times. This is an invitation to a critical rethinking of, and a creative engagement with, the subject of time from a contemporary perspective.  

The organizing committee of the 29thAnnual Conference welcomes academic and artistic submissions (e.g. poetry, performance, visual arts) that engage with aspects of temporality. Suggested topics include, but are not limited to: 

  • Representations of Time in the Arts    
  • “Pre-modern” Conceptions of Time
  • Time and the Postcolonial
  • Indigenous Temporalities 
  • Time, Memory, Trauma
  • Ruins, Monuments, and Ethnographies
  • Gender, Embodiment, Aging Bodies 
  • Languages through Time

 

PROPOSALS

Proposals should be a maximum of 250–300 words. Individual talks should be 15–20 minutes in duration and altogether, panels and roundtables should not exceed 90 minutes. Please include a biographical statement of no more than 50 words and submit your abstract by e-mail to complitconference2019@gmail.comby December 1st, 2018

 

PRÉSENTATION

Qu’est-ce que le temps ? Comment y réfléchissons-nous ? Ces questions, intemporelles, continuent de nous hanter.

Des unités de temps et d’espace d’Aristote à la théorie binaire de l’espace-temps d’Einstein, en passant par le concept de durée chez Bergson, la question de la représentation temporelle a soulevé de nombreuses questions quant à la chronologie/chronométrie et aux conceptions cycliques, linéaires, et multidirectionnelles du temps. La littérature et les arts, y compris la musique, le théâtre, le cinéma, la photographie, et les arts visuels, s’attaquent depuis la nuit des temps au défi paradoxal de représenter le passage du temps, mais aussi sa stagnation, sa durée, son incarnation, sa fragmentation, sa distorsion. Récemment, des questions relatives à l’ère numérique, aux épistémologies autochtones, au postcolonialisme, à la mémoire, à l’écologie, à la remédiation de l’éphémère et à l’identité de genre ont permis l’émergence de perspectives novatrices sur la temporalité.

L’histoire humaine a été marquée par de nombreuses tentatives visant l’unification du temps pour des raisons culturelles, politiques et économiques. Certains considèrent d’ailleurs les temporalités postcoloniales en opposition avec les formes occidentales d’homogénéisation temporelle (avec des outils comme l’heure standard, les horloges, et les mesures impériales). Cela dit, aujourd’hui, « l’Autre » postcolonial peut-il définir le temps différemment, tout en questionnant et en reconsidérant la présumée incommensurabilité entre sa propre temporalité et celle de l’Occident ?[4]

Le temps est également intrinsèque à la mémoire et aux traumatismes, individuels comme collectifs. Les gestes commémoratifs (re)créent le passé et le présent, tandis que l’imagination projette le passé et le présent dans l’avenir. Se rappeler et oublier, être témoin et acteur ; la subjectivation passe par la médiation du temps. Sur le plan éthique, qu’est-ce que la construction de soi et des autres à l’aide de la mémoire et des souvenirs implique ? Le temps peut-il guérir ? Comment la multidirectionalité de la mémoire complique-t-elle les notions linéaires et progressives du temps ?

« Tiens-toi au maintenant, à l’ici, à travers quoi tout futur plonge dans le passé, » écrivait James Joyce. L’inverse est aussi vrai : concevoir l’avenir comme le passé nous permet d’imaginer des solutions à des problématiques actuelles avec une singulière lucidité. L’anthropocène, cette ère de changements accélérés et, par conséquent, de responsabilité humaine et collective accrue, règne. Les banquises fondent, les océans sont pollués, les animaux deviennent des produits de consommation : voilà les paysages du réchauffement climatique. Quel rôle le temps joue-t-il dans les processus écologiques tels que l’extinction et les changements climatiques ?[5]

À la lumière de certains développements sociétaux et planétaires — réchauffement climatique, mondialisation, multiculturalisme, etc. –, repenser les liens entre le temps et la politique s’avère urgent. La perspective du matérialisme historique, qui considère le temps comme du capital, persiste dans le régime néolibéral actuel : en effet, le mot « durabilité » est utilisé à toutes les sauces par les gouvernements et les entreprises, ce qui alimente la conviction que le progrès et l’exploitation sont à privilégier. Force est d’admettre que la devise « le temps, c’est de l’argent » est toujours d’actualité. Une vision politique différente du temps nous aiderait-elle à envisager de nouvelles formes sociales jusqu’ici inexplorées ? Des imaginaires utopiques nous permettraient-ils de penser le futur autrement en termes de temps et de politique ?[6]

En tant que chercheurs, il nous faut reconnaître que les façons dont nous percevons le temps ont une incidence sur les disciplines et les structures universitaires et pédagogiques. Inclure les questions de genre et de marginalisation dans nos réflexions sur la temporalité, par exemple, nous permet de repenser le temps différemment. Le temps est maintenant venu de réfléchir à ce que cela signifie d’être contemporains et de participer à l’époque actuelle. Ce colloque est une invitation à la réflexion critique et créative sur le sujet du temps, d’un point de vue littéraire et contemporain.

Le comité organisateur du 29ecolloque annuel sollicite les propositions de communications et les soumissions artistiques (poésie, performance, arts visuels, etc.). Les propositions peuvent aborder, sans s’y limiter, les thèmes suivants :

  • Les représentations artistiques et littéraires du temps et de la temporalité
  • Les conceptions « pré-modernes » ou précoloniales du temps
  • Le temps et le postcolonialisme
  • Les temporalités autochtones
  • La mémoire et le traumatisme
  • Les ruines, monuments et ethnographies
  • Le genre, la corporalité, la vieillesse
  • Les langues au fil du temps
  • La responsabilité éthique et politique à l’ère actuelle
  • Le temps et l’anthropocène
  • Les hétérotopies, utopies, hétérochronies
  • Les définitions économiques du temps ; le temps comme capital
  • La mondialisation et la compression de l’espace-temps 
  • Les rythmes, mouvements, accélérations

 

COMMUNICATIONS

Le colloque se tiendra à l’Université de Toronto les 29 et 30 mars 2019. Nous acceptons les propositions (en anglais ou en français) d’au plus 300 mots. Les communications individuelles seront d’une durée maximum de 20 minutes ; les panels et les tables rondes seront d’une durée totale de 90 minutes. Veuillez également inclure une note biographique d’environ 50 mots, et soumettre votre proposition par courriel avant le 1er décembre, à l’adresse suivante : complitconference2019@gmail.com.

 

NOTES

[1]Watson, J. K. and Wilder, G. (eds.). The Postcolonial Contemporary: Political Imaginaries for the Global Present. New York, NY: Fordham University Press, 2018; Kaltmeier, O. and M. Rufer (eds.) Entangled Heritages: Postcolonial Perspectives on the Uses of the Past in Latin America. Abingdon, Oxon; New York, NY: Routledge, 2017.

[2]Menely, T. and Taylor, J. O. Anthropocene Reading: Literary History in Geologic Times. University Park, Pennsylvania: The Pennsylvania State University Press, 2017; Davis, H. and Turpin, E. Art in the Anthropocene: Encounters Among Aesthetics, Politics, Environments and Epistemologies. London: Open Humanities Press, 2015.

[3]Morfino, V. and Thomas, P. D. (eds.) The Government of Time: Theories of Plural Temporality in the Marxist Tradition. Boston: Brill, 2018.

[4]Watson, J. K. et Wilder, G. (dir.). The Postcolonial Contemporary: Political Imaginaries for the Global Present. New York, NY: Fordham University Press, 2018; Kaltmeier, O. et M. Rufer (dir.) Entangled Heritages: Postcolonial Perspectives on the Uses of the Past in Latin America. Abingdon, Oxon; New York, NY: Routledge, 2017.

[5]Menely, T. et Taylor, J. O. Anthropocene Reading: Literary History in Geologic Times. University Park, Pennsylvania: The Pennsylvania State University Press, 2017; Davis, H. et Turpin, E. Art in the Anthropocene: Encounters Among Aesthetics, Politics, Environments and Epistemologies. London: Open Humanities Press, 2015.

[6]Morfino, V. et Thomas, P. D. (dir.) The Government of Time: Theories of Plural Temporality in the Marxist Tradition. Boston: Brill, 2018.

 

French Graduate Conference, University of Cambridge
Posted: Thursday, October 25, 2018 - 12:42

25th-26th April 2019

Confirmed Keynote Speakers: Prof. Achille Mbembe, Dr Adeline Desbois-Ientile, Dr Claire White.

 

PRÉSENTATION

The ‘temporal turn’ of the last decade has witnessed the return of the concept of delay at the centre of literary and artistic production. These often focus on the deployment of time in works, for instance, the dyschronia of the contemporary (Agamben 2008). The disjuncture between lived and perceived time is echoed by the hermeneutics of ancient texts and contemporary literary theory. The propensity for anachronic readings (Bayard) in the 2000s, or studies of ‘queer temporalities’ (Allen, Time and Literature¸2018), make a compelling case for a re-reading of canonical texts and literary re-interpretations through ‘timely’ studies.

Whether by the use of hyperbaton, which dislocates the sentence and produces a delayed effect through the deferred appearance of a word, or by the deceleration of rhythms (through pauses in the narration or the aesthetics of slowness, such as the dyssynchronization between sound and image exhibited in Godard’s films or “slow cinema”), writers and filmmakers experiment with the rhythms of time. Sixteenth-century authors dwell on their perennial linguistic delay in relation to the ideal of Antiquity, which they are emulating, and the “Querelle des Anciens et des Modernes” in the seventeenth-century solidifies two centuries of literary debates on the legitimacy of the present.

Time lag can become the marker of civilisations deemed inferior, of people and modes of living which elude heteronormative or so-called ‘normal’ rules as defined by dominant cultures. To be ‘passé’, ‘retarded’, ‘underdeveloped’, are amongst the many expressions which reduce alterity to an inferiority gestured to through temporality. Within this context, the use of the notion of delay to think of spatial differences is interrogated: one need only evoke the ‘backwardness’ of former French colonies in relation to France, or the gap between Anglo-American literary theoretical developments and French schools of thought.

We would warmly welcome presentations from doctoral students working on a range of periods in the French and Francophone world: from the Middle Ages to the Ultra-contemporary. The following is a non-exhaustive list of potential topics of interest:

- Delays in press and publications. Materiality of works and its delays

- Philosophical notions of dyschronia, anachronia, parachronia, the future of the past, and the impossibility of simultaneity

- Spatial and temporal disjuncture

- Spatial and temporal displacement, migrations

- Cinematic delays

- Queer temporalities

- Representations in time and the deconstruction of liminal/marginal characters and spaces

- Poetic delays (microsctructural and macrostructural)

- Dislocating stylistic figures

- Anachronic readings

- Aesthetics of delays/ tragedy

- Progress/’backwardness’

- Perceptions of historical time

- Causes and effects of delays

 

COMMUNICATIONS

The conference will take place at the University of Cambridge (Corpus Christi College) on 25th and 26th of April 2019. We invite proposals (250 words max) to be sent by 30th January 2019 to the following address : delaysretards2019@gmail.com. It is envisaged that a selection of the papers presented will be subsequently published.

Appel à communications : Légitimité et illégitimité de la littérature et du théâtre
Posted: Monday, October 15, 2018 - 20:19

Colloque interuniversitaire jeunes chercheur·se·s

28 et 29 juin 2019 – Sorbonne Université / Sorbonne Nouvelle

Légitimité et illégitimité de la littérature et du théâtre :

Qui a le droit d’écrire quoi ? Qui a le droit de montrer quoi ?

« [I]l y a des limites que la littérature, même la plus légère, ne doit pas dépasser, et dont Gustave Flaubert et co-inculpés paraissent ne s'être pas suffisamment rendu compte ». Ces mots sont ceux du jugement rendu à l’issue du procès intenté à Gustave Flaubert devant le tribunal correctionnel de la Seine le 8 février 1857[1], tels qu’on les trouve rapportés par la Gazette des tribunaux. Quelques mois plus tard, le 20 août, l’avocat Ernest Pinard, qui occupait déjà la fonction de procureur général lors du procès de Madame Bovary, prononce un réquisitoire à l’encontre du Baudelaire des Fleurs du mal : « De bonne foi, croyez-vous qu’on puisse tout dire, tout peindre, tout mettre à nu […] ?[2] » Pierre Desproges se demandait si l’on pouvait « rire de tout », ce n’était en fait que le déplacement et la limitation au seul domaine de l’humour d’une question plus vaste que l’on pourrait formuler ainsi :  « peut-on écrire de tout ? », ou encore « peut-on tout écrire ? » Le débat suscité récemment par la réédition des pamphlets antisémites de Céline par Gallimard montre assez que la question de ce qui a droit à l’imprimé est loin de connaître un apaisant consensus, et la polémique autour de ces textes a aussi pour intérêt de complexifier le profil et les motivations des opposant.e.s à la libre publication, puisque ce sont ici des acteur·trice·s de la société civile (la LICRA[3], le BNVCA[4]) qui ont clamé que l’on ne peut pas tout dire sous prétexte de littérature. Le débat sur la légitimité des textes littéraires, qui a scandé les grandes étapes de notre histoire littéraire, des bienséances du théâtre classique au procès Genet d’Hambourg[5], est donc encore vivace. Cet éternel débat, dont les termes changent, illustre aussi l’évolution de notre rapport à la littérature (on ne reproche pas la même chose à un.e auteur·e du XVIe siècle et à un·e écrivain·e contemporain·e) autant que des pratiques d’écriture (un·e auteur·e qui veut être publié·e est bien obligé·e de savoir, selon le mot de Cocteau, « jusqu’où il peut aller trop loin »). Les diverses polémiques cristallisent en outre les tensions politiques de la société : que penser d’auteur·e·s francophones soupçonné·e·s de plagiat, tels Yambo Ouologuem ou Sony Labou Tansi ? Que dire encore des mises en scène controversées à l’instar de Kanata créé par Robert Lepage et Ariane Mnouchkine ?

Penser la légitimité de la littérature et du théâtre permet d’interroger les instances de légitimation : en effet, qui légitime les œuvres, qui les censure et comment ces phénomènes fonctionnent-ils ? On pourra également s’intéresser aux rapports entretenus par les écrivain·e·s avec les institutions (Église, Justice, Université, etc.) et aux stratégies qui leur permettent de déjouer la censure. Du reste, la récupération des œuvres polémiques ou périphériques par les institutions (notamment les théâtres subventionnés, les programmes scolaires...) pourra être interrogée : de quelle manière la société, en faisant de l’auteur·e un·e de ses membres honoré·e et donc honorable, met-elle à mal les potentialités subversives de la littérature ?

La question de la légitimité invite en outre à penser les processus de marginalisation. En effet, l’identité de l’auteur·e semble peser sur la reconnaissance de son œuvre lorsqu’il s’agit d’une identité dite subalterne. On pourra ainsi interroger les obstacles auxquels sont confronté.e.s des auteures femmes ou des écrivain.e.s issu.e.s de l’ancien empire colonial. Comment fonctionne l’occultation de ces écrivain.e.s, à quel moment sont-ils·elles marginalisé·e·s et sous quels prétextes ?

La légitimité a également partie liée avec la réception. Il pourra être intéressant d’aborder le poids des polémiques littéraires (procès, campagne de presse…) mais aussi théâtrales (on pense notamment aux mises en scène qui ont fait scandale) qui contribuent à consacrer une œuvre ou bien à la condamner à l’oubli. En outre, le canon littéraire pose la question des genres illégitimes : que dire des littératures oubliées par les cadres d’études, qui échappent aux divisions des champs universitaires et qui risquent par là de demeurer invisibles ? Peut-on, par exemple, ouvrir les portes du canon littéraire à un·e écrivain·e pornographique ou à des auteur·e·s de genres illégitimes, tel que les romans de gare ou les contes pour enfants ?

Les propositions de communication d’une demi-page, accompagnées d’une courte notice bio-bibliographique, doivent être envoyées à colloque.legitimite.litterature@gmail.comavant le 31 décembre 2018.

 

Avec le soutien des équipes de recherche : THALIM, IRET (Sorbonne Nouvelle) – CELLF, CRLC (Sorbonne Université)

Et des Écoles Doctorales : ED 120, ED 267 (Sorbonne Nouvelle) – ED 3 (Sorbonne Université)

Comité d’organisation : GRILL (Groupe de Recherche Interuniversitaire en Langue et Littérature : Jean-Christophe Corrado, Esther Demoulin, Alice Desquilbet, Marco Doudin, Agathe Giraud, Charlotte Laure, Clément Scotto di Clemente, Marie Vigy)

[1]Ce texte est reproduit dans Gustave Flaubert, Œuvres complètes, t. III, 1851-1862, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2013, p. 533-535, ici p. 535.

[2]Ce texte est reproduit dans Charles Baudelaire, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1975, t. I, p. 1206-1209, ici p. 1207. Yvan Leclerc retrace l’histoire des procès de Madame Bovary et des Fleurs du mal dansCrimes écrits. La Littérature en procès au 19e siècle, Paris, Plon, 1991.

[3]Ligue Internationale contre le Racisme et l’Antisémitisme.

[4]Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme.

[5]Le procès, en autorisant la publication de la traduction allemande de Notre-Dame-des-Fleurs en 1962, suscita une révision des lois sur la censure touchant les œuvres érotiques.

New Publications

abbé Jean Paulmier, Memoires touchant l’etablissement d’une mission chrestienne (éd. Margaret Sankey)
Posted: 8 Apr 2022 - 07:10

abbé Jean Paulmier, Memoires touchant l’etablissement d’une mission chrestienne dans le troisième monde Autrement appelé, la Terre australe, meridionale, antartique, & inconnuë, éd. Margaret Sankey, Paris, Classiques Garnier, (2006) 2022.

Les Mémoires de l'abbé Paulmier occupent une place importante dans l'histoire européenne du concept de Terra australis. Cette édition critique, la première depuis 1664, est enrichie de documents inédits ainsi que d’une préface replaçant l'ouvrage dans son contexte historique et cartographique.

Nombre de pages: 400
Parution: 23/03/2022
Réimpression de l’édition de: 2006
Collection: Géographies du monde, n° 7
ISBN: 978-2-406-12984-4
ISSN: 1279-8428
DOI: 10.15122/isbn.978-2-37312-289-3

Sainte-Beuve, Causeries sur Montaigne (éd. François Rigolot)
Posted: 8 Apr 2022 - 07:07

Sainte-Beuve, Causeries sur Montaigne, éd. François Rigolot, Paris, Classiques Garnier, (2003) 2022.

Sainte-Beuve parsème ses œuvres de références à Montaigne. Les affinités entre ces « deux cerveaux congénères » sont indéniables et s'étendent de l'homme à l'écrivain. Cette édition donne un aperçu de la réception de Montaigne au xixe siècle et révèle la richesse des analyses du critique littéraire.

Nombre de pages: 239
Parution: 16/03/2022
Réimpression de l’édition de: 2003
Collection: Études montaignistes, n° 41
ISBN: 978-2-406-12952-3
ISSN: 0986-492X
DOI: 10.15122/isbn.978-2-37312-812-3

Anna Maria van Schurman, Letters and Poems (ed. & trans. by Anne R. Larsen and Steve Maiullo)
Posted: 8 Apr 2022 - 06:22

Anna Maria van Schurman, Letters and Poems to and from Her Mentor and Other Members of Her Circle, ed. & trans. by Anne R. Larsen and Steve Maiullo, Iter Press, "The Other Voice in Early Modern Europe: The Toronto Series 81", 2022.

Winner of the 2021 Society for the Study of Early Modern Women and Gender's Award for a Scholarly Edition in Translation

Anna Maria van Schurman was widely regarded as the most erudite woman in seventeenth-century Europe. As “the Star of Utrecht,” she was active in a network of learning that included the most renowned scholars of her time. Known for her extensive learning and her defense of the education of women, she was the first woman to sit in on lectures at a university in the Netherlands and to advocate that women be admitted into universities. She was proficient in fourteen languages, including Latin, Greek, Hebrew, Arabic, Syriac, Aramaic, Persian, Samaritan, and Ethiopian, as well as several vernacular European languages. This volume presents in translation a remarkable collection of her letters and poems—many of which were previously unpublished—that span almost four decades of her life, from 1631 to 1669.

“This volume of letters and poems, which comes at a propitious time in Anna Maria van Schurman scholarship, is far more inclusive than anything I have seen, and will interest a potentially large audience of knowledgeable readers. The letters included here, in superior translations, display the art of letter writing in all its facets and possibilities, trace the continued exchange of ideas with members of van Schurman’s circle, and exemplify the scholarly debates of the seventeenth century, with a woman as one of the debaters.”
- Cornelia Niekus Moore, University of Hawaii

ANNE R. LARSEN is professor emerita of French and senior research professor at Hope College in Holland, Michigan. She is the author of Anna Maria van Schurman, “The Star of Utrecht”: The Educational Vision and Reception of a Savante.

STEVE MAIULLO is Associate Professor of Classics at Hope College. He teaches Latin and Greek language and literature and is the author of articles on Plato and the teaching of Latin and Greek.

More info here.

Chanteloup, the Renaissance garden of the Villeroys (éd. Perrine GALAND-WILLEMEN, Matthieu DEJEAN)
Posted: 8 Apr 2022 - 06:18

Chanteloup, the Renaissance garden of the Villeroys. An initiation to Humanism, édité par Perrine GALAND-WILLEMEN, Matthieu DEJEAN, Genève, Droz, 2022.

The garden of the Chanteloup castle (Saint-Germain-lès-Arpajon), owned by the Villeroy-Neufville family, was one of the wonders of the French Renaissance, which could compete with the great Italian gardens of the time. Perrine Galand-Willemen and Matthieu Dejean revive this exceptional artistic creation in its historical and intellectual context. The authors have studied several travel guides and a long Latin poem entitled Cantilupum (Paris, 1587; 1588), which describes the meanders of the garden. Cantilupum was written by Madeleine de L'Aubespine-Villeroy (1546-1596), wife of Secretary of State Nicolas IV de Neufville-Villeroy, lady of honour of Catherine de' Medici, woman of letters whom Ronsard considered his “spiritual daughter”. The garden of Chanteloup housed an extraordinary set of topiaries (carved shrubs), automata, statues, models and fountains, which recreated Roman civilization and offered an initiatory, stoic-Christian course to the walker.

Le jardin du château de Chanteloup (Saint-Germain-lès-Arpajon), propriété des Villeroy-Neufville, fut une des merveilles de la Renaissance française, qui pouvait rivaliser avec les grands jardins italiens du temps. Perrine Galand-Willemen et Matthieu Dejean font revivre cette exceptionnelle création artistique dans son contexte historique et intellectuel. Les auteurs ont travaillé à partir de plusieurs guides de voyages et d’un long poème latin intitulé Cantilupum (Paris, 1587 ; 1588), qui décrit les méandres du jardin. Cantilupum fut écrit par Madeleine de L’Aubespine-Villeroy (1546-1596), épouse du secrétaire d’Etat Nicolas IV de Neufville-Villeroy, dame d’honneur de Catherine de Médicis, femme de lettres que Ronsard considérait comme sa « fille spirituelle ». Le jardin de Chanteloup abritait un ensemble extraordinaire de topiaires (arbustes sculptés), d’automates, de statues, de maquettes et de fontaines, qui reconstituait la civilisation antique et offrait un parcours initiatique, sto¯co-chrétien, au promeneur.

Plus d'informations ici.

L'Astrée - 3e partie (éd. crit. dir. par Delphine Denis)
Posted: 8 Apr 2022 - 06:12

L'Astrée - 3e partie, éd. crit. dir. par Delphine Denis, Paris, H. Champion, 2022.

Un siècle après l’Arcadia de Sannazar (1504), L’Astrée marque l’achèvement de la conquête de l’antique fable pastorale par les littératures européennes en langues vulgaires : paru entre 1607 et 1628, le roman d’Honoré d’Urfé est le dernier des grands chefs-d’œuvre nourris de la veine des histoires de bergers. Mais la narration des amours d’Astrée et Céladon dans la Gaule du Ve siècle inaugure aussi une nouvelle époque de la littérature française. Premier des grands récits publiés au moment où la France répare les plaies nées des guerres de Religion, l’œuvre est très vite apparue comme une étape décisive dans l’art du roman, en même temps que, par sa philosophie de « l’honnête amitié », elle s’est imposée à ses lecteurs comme une référence commune, offrant ainsi la mémoire littéraire des manières de sentir et d’aimer de l’âge classique.

Le présent volume livre le texte de la troisième des cinq parties de L’Astrée, précédé d’une introduction qui en dégage la couleur propre : tandis que Céladon, sous un travestissement féminin, goûte un bonheur fragile auprès d’Astrée, dans les cours princières l’Amour apparaît plus que jamais menacé par le Pouvoir, et le monde arcadien des bergers est précipité dans le temps de l’Histoire.

L'édition est parue en deux formats: informations ici et ici.