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Calls for Papers and Contributions

Journée d'études : "Le voyage en Inde à l'âge classique : Découverte et représentation d'un carrefour commercial, politique, culturel et littéraire"
Posted: Friday, March 1, 2019 - 13:48

18 octobre 2019

 

PRÉSENTATION

La journée d’études se déroulera à l’université d’Aix-Marseille à Aix-en-Provence, le 18 octobre 2019. Elle est lauréate du prix de la Société d’Étude du XVIIe siècle 2018, organisée par Mathilde Bedel (Docteur CIELAM) et Mathilde Morinet (Doctorante CIELAM), en partenariat avec le Centre de Recherches sur la Littérature des Voyages (www.crlv.org) et le CIELAM (Centre Interdisciplinaire d’Etude des Littératures d’Aix-Marseille). 

L’objet de cette journée d’étude vise à mettre en évidence la place du voyage en Inde dans la constitution de l’imaginaire oriental du Grand Siècle. Si les études sur l’Inde et son influence sur la pensée européenne (littéraire, philosophique, scientifique…) sont nombreuses dans le domaine anglais[1]et pour la période XVIIIe-XXe[2], il apparaît que la critique littéraire concernant la période précoloniale de la première modernité a négligé[3]l’étude de cet espace au profit d'études surla Perse et les Indes Orientales (l'ensemble de l'Asie du Sud et du Sud-Est). L’approche se veut résolument interdisciplinaire, et invite au dialogue entre étudeslittéraires, historiques, géographiques, anthropologiques, épistémocritiques et/ou linguistiques.

La France de Louis XIV voit pourtant naître un véritable goût pour l’Inde.Pour les Français, voyager en Inde à l’âge classique, c’est alors à la fois découvrir un territoire lointain, sa géographie, son histoire, ses coutumes sociales et religieuses, ses organisations politiques, et en rapporter des traces et des merveilles susceptibles de ranimer une curiosité dans le milieu lettré. Il est ainsi question, d’une part, de comprendre les manières de vivre des populations autochtones observées, mais ausside veiller au bon déroulement de l’implantation coloniale française sur le territoire indien, qui apparaît comme un carrefour essentiel, à la fois commercial et politique, où se groupent des intérêts majeurs.La collecte des informations sur cet espace relève alors d’un enjeu capital pour l’avenir commercial et politique de la France : il s’agit d’accumuler et de vérifier sur le terrain les informations nécessaires à l’implantation française sur le territoire indien (établissement de comptoirs, construction d'alliances franco-indiennes, mise en place d'une étape vers la Chine). D’autre part, savants et mondains s’enthousiasment à la lecture des voyageurs qui bouleversent les représentations transmises depuis l’Antiquité.[4]Le champ de production des discours sur l’Inde encourage les imaginations des plus téméraires qui partent à l’aventure[5]et captivent les esprits curieux des sédentaires. Mais alors que l'aventure indienne de la France n'a duré qu'une centaine d'années[6], elle a laissé dans son sillage un opulent imaginaire littéraire et artistique, principalement alimenté par la littérature de voyage[7]. De fait, les collectionneurs érudits[8]accumulent ces écrits de référence sur les choses de l’Inde, fondant alors la genèse de l’indologie française. 

Toutefois, la circulation dans l’espace indien, la fréquentation des populations locales, le travail scientifique de relevés et mesures, n’empêchent pas l’imaginaire indien de se rigidifier en représentations-types, et la description des lieux, des coutumes et des hommes échappe peu au fantasme exotique, faisant de l’Inde un monde souvent perçu de manière dichotomique, entre fascination et horreur. Ces images, moins issues du réel que du fond textuel qui préexiste à l’aventure indienne au XVIIe, informent la perception de l’Inde : « Les voyageurs s’amusent à superposer les espaces présents et passés, concrets et textuels dans un grand amalgame culturel où tous s’interpénètrent et qui fait de leur récit un texte plus qu’un simple compte rendu. »[9]Bien sûr, les intertextes antérieurs sont réécrits, réévalués, amendés, mais il continue de s’infuser dans les récits de l’âge classique des vestiges textuels issus d’un autre temps.

Par ailleurs, l’imaginaire indien tend aussi à se littérariser[10] : destiné au plaisir des lecteurs mondains, le récit de voyage aura tendance à mettre en scène l’expérience vécue, en employant les trames littéraires (romanesque, théâtre, poésie). Ainsi, certains voyageurs comme François La Boullaye-Le-Gouz, s’appuient sur l’esthétique du conte pour faire part d’un épisode de la mythologie hindoue. François Bernier[11]recrée une épopée sur fond de motif indien pour mieux faire découvrir au lecteur les rouages de l’ascension du Grand Mogol. François Martin réactualise le récit d’aventures grâce à une intrigue aux prémices de l’enquête policière afin de montrer les faiblesses de l’installation française en Inde... Cette interférence des genres littéraires entraîne la mise en place d’une poétique du voyage en Inde qui est reprise et alimentée par les échanges dans les Salons érudits.[12]En retour, les auteurs sédentaires restés en France se passionnent pour la culture indienne et trouvent grâce à cette dernière le moyen de renouveler l’exotisme oriental qui commence à s’essouffler dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Dans sa tragédie Alexandre le Grand, Jean Racine exploite le motif indien pour en construire une représentation galante, sous les traits du roi indien amoureux, Porus. Ailleurs, on découvre les aventures de Bacchus aux Indes dans la traduction d’un texte grec faite par Claude Boitet de Frauville[13]et la représentation d’un ballet[14] : le héros mythologique est alors placé dans un décor exotique indien, instrumentalisé comme un nouvel Orient littéraire à conquérir ; et on y découvre une Inde galante, soumise à la domination vial’implantation dans l’espace fictionnel indien de héros de la culture classique. Ailleurs encore, la culture indienne est présentée par Jean-Paul Bignon[15]à travers un roman inspiré des récits de voyage. Il y développe une double logique énonciative avec le récit-cadre, entrecoupé par un ensemble d’intrigues secondaires, dans lesquelles le narrateur-personnage présente des épisodes qu’il veut caractéristiques de l’identité indienne.

Mais cette littérarisation de l’imaginaire n’empêche pas une réflexion sur l’espace indien, et un retour sur soi. En effet, l'Inde classique des récits de voyage se présente également comme un espace bâti à partir d’une cartographie imaginaire construite autour de trois pôles incarnés par trois figures prototypiques : Aurangzeb ou le Grand Moghol, Shivaji ou le chef de guerre marathe et le voyageur français en tant que représentant de la première Inde française. Les mises en récit de ces personnages héroïques, en plus de s’inscrire dans une forme réaménagée du récit historique et/ou d’aventures, proposent une écriture du pouvoir en mettant au jour les intrigues de cour et autres histoires secrètes, interrogeant alors les pratiques françaises du politique. 

Dans une perspective similaire, l'écriture du voyage en Inde, confrontée à l’altérité religieuse, peut tendre à faire réfléchir le voyageur sur ses pratiques et modes de perception chrétiens. Au cours de leurs pérégrinations dans les Grandes Indes et de leurs interprétations culturelles, les voyageurs se servent de certaines figures animales empruntées au panthéon hindou pour remettre en question la société qu’ils observent. Ainsi, l’élaboration d’un bestiaire indien, principalement mis en place autour de grandes figures du panthéon hindou, donne aux voyageurs l’occasion d’interroger à la fois le rapport des indigènes avec leur religion mais aussi leurs propres structures mentales et sociales. En effet, en constatant la relation entretenue par la tradition hindoue entre l’homme et l’animal, les voyageurs s’étonnent ou remettent en cause leurs propres pratiques religieuses. L’animal devient alors une figure à penser et à interpréter le peuple indien. De fait, se développe progressivement un imaginaire à la fois narratif par le biais des récits, mais aussi iconique avec le bestiaire, les recueils de mythologie et les transcriptions artistiques[16], qui font que la langue se constitue un art. Imaginer l’Inde au XVIIe siècle sert donc à créer un « mythe » hindou à la française.

 

AXES

L’idée de cette journée d’étude va être d’étendre ces premières pistes d’analyse, et d’en faire apparaître de nouvelles. Plusieurs axes de recherche peuvent être envisagés afin de mettre en valeur la multiplicité des approches (littéraires, historiques, géographiques, anthropologiques, épistémocritiques, linguistiques…). Les chercheurs et chercheuses, littéraires, historien.ne.s, indianistes, géographes… pourront alors construire leur proposition de communication autour de ces questionnements, toutefois non exclusifs : 

  • La littérature géographique, la littérature commerciale, la littérature missionnaire, la littérature scientifique : formes et enjeux de la description de l'espace.
  • Découverte de l’ailleurs, de l’autre et de soi : enquêtes, observations, cartes, bestiaires, inventaires botaniques, images et représentations.
  • Un exotisme « à l’indienne » ? Invariants et renouvellements.
  • Intertextualité viatique : évaluer, réécrire, infléchir les récits indiens antérieurs.
  • Fictions et figures indiennes dans la littérature européenne à l’âge classique.
  • Diffusion et réception de l’information lointaine : réseaux, correspondances, compilations, journaux/gazettes, publications dans les milieux érudits et mondains européens.
  • Des stratégies courtisanes, prosélytes, coloniales ? Enjeux sociologiques de l’écriture et de la publication de textes sur l’Inde (sa cour, ses religions, ses cultures, sa géographie...

 

PROPOSITIONS

Les propositions de communication en français (300 mots maximum) devront être accompagnées d’une notice bio-bibliographique et adressées au comité scientifique composé de Sylvie Requemora-Gros (sylvie.requemora@univ-amu.fr),Mathilde Bedel (bedelmathilde@yahoo.fr)et Mathilde Morinet (mathilde.morinet@hotmail.fr) avant le 1er mai 2019. 

Une réponse vous sera donnée le 20 mai 2019 au plus tard. La journée d’études est appelée à faire l’objet d’une publication.  

 

NOTES

[1]Par exemple : Ronald Inden, Imagining India, London, Hurst & Compagny, 1990 ; Bernard Cohn’s, Colonialism and Its Forms of Knowledge : The British in India, New Delhi, 1997 ; Kate Teltscher, India Inscribed: European and English Writing on India, 1600–1800, Delhi, 1997.

[2]Entre autres : Florence D’Souza, Quand la France découvrit l’Inde : les écrivains français voyageurs en Inde(1757-1818), Paris, L’Harmattan, 1995 ; Guillaume Bridet, Sarga Moussa et Christian Petr (dir.), L’Usage de l’Inde dans les littératures française et européenne (xviiie-xxesiècles), Pondichéry, Éditions Kailash, 2006 ; Vaghi Massimiliano, « Entre le pittoresque et l’érudition. L’idée de l’Inde en France (1760-1830) », Annales historiques de la Révolution française, n°375, 2014, 49-68.

[3]Même si quelques études existent, sur certains voyageurs français en Inde, ou qui passent par l’Inde. Voir : Sophie Linon-Chipon, Gallia orientalis, voyages aux Indes orientales (1529-1722) : Poétique et imaginaire d'un genre littéraire en formation, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2003 ;Frédéric Tinguely, Le fakir et le Taj Mahal : L'Inde au prisme des voyageurs français du XVIIesiècle, Genève, La Baconnière, 2012.

[4]Jean Biès, Littérature française et pensée hindoue des origines à 1950, Librairie C. Klincksieck, 1974, p. 37-38.

[5]Vincent Le Blanc, François Pyrard de Laval, Jean Mocquet, François Bernier, François La Boullaye-Le-Gouz, François Martin, Jean Thévenot, Barthélémy Carré, Charles Dellon, Souchu de Rennefort, François de l’Estra, Georges Roques, Le Sieur Luillier de la Gaudière, Jean-Baptiste Tavernier, Robert Challe.

[6]Jackie Assayag, L'Inde fabuleuse. Le charme discret de l'exotisme français (XVIIe – XXesiècle), Paris, Éditions Kimé, 1999.

[7]« Ce processus séculaire d'accumulation des savoirs sur les pays d'Asie, et sur l'Inde en particulier, connaît un développement d’importance, en France, à partir du milieu du XVIIesiècle, à mesure que s'organisent les Compagnies des Indes orientales. Ainsi, alors qu’une trentaine seulement de relations de voyages sont publiées dans les années 1600-1660, plus de 150 paraissent entre 1665 et 1745 sur le marché français de l’édition dont un secteur, déjà, se spécialise dans ce type de publication », Roland Lardinois, L’invention de l’Inde. Entre ésotérisme et science, Paris, CNRS Éditions, 2007, p. 30.

[8]On voit par exemple dans les lettres de Jean Chapelain adressées à François Bernier l’intérêt qu’il porte à ce que le voyageur pourrait lui rapporter comme informations et nouveautés, et passe même « commande » de nouvelles et de récits sur l’Inde, notamment pour son ami Melchisédech Thévenot qui prépare une anthologie de récits de voyage, qui paraîtra en plusieurs livraisons entre 1663 et 1672 sous le titre des Relations de divers voyages curieux.

[9]Sylvie Requemora-Gros, « L’espace dans la littérature de voyages »,Études littéraires, 34 (1-2), 2002, (p. 249-276), p. 262. 

[10]Voir, sur la littérarisation de l’imaginaire exotique : Marie-Christine Pioffet,Espaces lointains, espaces rêvés dans la fiction romanesque du Grand siècle, Paris, PUPS, 2007 et Sylvie Requemora-Gros, Voguer vers la modernité. Le voyage à travers les genres au XVIIesiècle, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2012.

[11]Un libertin dans l’Inde moghole. Les voyages de François Bernier (1656-1669), Introduction de F. Tinguely, Édition intégrale préparée par F. Tinguely, A. Paschoud & Ch.-A. Chamay, Paris : Chandeigne, 2008.

[12]Faith E. Beasley, Versailles Meets the Taj Mahal. François Bernier, Marguerite de La Sablière, and Enlightening Conversations in Seventeenth-Century France, University of Toronto Press, 2018.

[13]Claude Boitet De Frauville, (trad.), Nonnus de Panopolis, Les Dionisiaques ou les metamorphoses, les voyages, les amours, les advantures et les conquestes de Bacchus aux Indes. Nouvellement traduittes, Paris, Robert Foüet, 1625.

[14]Le Triomphe de Bacchus dans les Indes. Mascarade dansée devant sa Majesté le 9 janvier 1666, Paris, Robert Ballard, seul Imprimeur du Roy, pour la musique, 1666.

[15]Jean-Paul Bignon, Les Avantures d'Abdalla fils d'Hanif, envoyé par le sultan des Indes à la découverte de l'ile de Borico, où est la fontaine merveilleuse dont l'eau fait rajeunir. Avec la Relation du voyage de Rouschen, dame persane, dans l'ile détournée, qui a été inconnue jusqu'à present, et plusieurs autres histoires curieuses. Traduites en français sur le manuscrit arabe trouvé à Batavia par M. de Sandisson [Texte imprimé] Tome premier-second, Publié à Paris chez Pierre Witte, 1712.

[16]On trouve une version de l’alphabet nagari dans La Chine illustréed’Athanase Kircher, Amsterdam, 1667, trad. française en 1670, livre III, chap. VII. 

Appel à communications, jeunes chercheurs : L’expérience XVIIe-XVIIIe s.
Posted: Friday, March 1, 2019 - 13:40

Université Paris Nanterre

26-27 septembre 2019

 

 

Société d’Études Anglo-Américaines des XVIIe et XVIIIe siècles

Société d’Étude du XVIIe siècle

Société Française d’Étude du XVIIIe siècle

Institut de Recherches Philosophiques (E.A. 373)

Centre de Recherches Anglophones (E.A. 370)

 

Le thème des Journées jeunes chercheurs qui se tiendront à l’Université Paris Nanterre en septembre 2019 est l’expérience. Celle-ci peut être définie à la fois comme le processus, fait d’épreuves ou d’essais (c’est le sens d’experientia), d’errements, voire d’erreurs, qui conduit à une plus grande sagesse, et le résultat même de ce processus, à savoir la sagesse ou la connaissance à laquelle on parvient, c’est-à-dire l’instruction acquise par l’usage. Cependant, en français, le terme « expérience » désigne aussi l’expérience scientifique ou expérimentation, où l’on retrouve le sens d’« essai ». Il s’agit alors d’une procédure expérimentale qui cherche à mettre en évidence un fait et qui doit contribuer à augmenter le savoir.

La langue anglaise utilise quant à elle des termes différents pour désigner ces deux aspects, « experience » et « experiment », même si le premier peut avoir les deux significations, qui ne sont finalement pas distinctes puisqu’elles renvoient toutes deux à l’idée d’essai ou d’épreuve. « Experiment » a une résonance particulière dans le contexte du XVIIe siècle anglais puisque c’est le moment de la naissance de l’expérimentalisme, pratiqué de manière systématique dans des lieux de promotion du savoir, telle que la Royal Society de Londres. Cet empirisme anglais, hérité de Francis Bacon, est souvent opposé au rationalisme cartésien, qui constituerait une méthode et un mode de pensée proprement français. À cet égard, il apparaît que l’expérience met en jeu deux modalités d’acquisition du savoir, un savoir acquis « par l’expérience », qu’elle soit série d’épreuves ou expérimentation, et un savoir dont on « fait l’expérience », acquis spontanément en quelque sorte, grâce à un bon usage de la raison, par exemple.

L’expérience comme appréhension spontanée et immédiate est aussi l’expérience de Dieu, que l’historiographie anglo-saxonne de la « religion vécue » s’attache à mettre en évidence, à partir de l’idée selon laquelle l’expérience (intime ou personnelle) de la religion ne correspond pas nécessairement aux normes imposées par les institutions religieuses. On pense ici aux catholiques dans le contexte de la Réforme, aux jansénistes en France ou encore aux dissidents d’Angleterre et de Nouvelle-Angleterre aux XVIIe et XVIIIe siècles.

La colonisation du continent nord-américain par les Anglais a souvent été présentée comme une expérience. Les pratiques des colons, face à un nouvel environnement, ont constitué des expériences politiques, religieuses et économiques qui méritent d’être interrogées. On y trouve de nouveaux modes de production, aussi bien que l’esclavage, de nouveaux rapports aux autres, mais aussi une domination exercée sur des populations amérindiennes et africaines, ou encore l’instauration de lois inédites, y compris des Codes Noirs, et la mise en place de nouveaux types de gouvernement, comme la théocratie puritaine en Nouvelle-Angleterre. La Pennsylvanie, par exemple, a été créée par William Penn comme une Expérience Sacrée (Holy Experiment). Uniquement fondée sur la religion Quaker, la colonie refusait la présence d’une armée, et pratiquait une politique de tolérance religieuse et nationale. De même, la Géorgie a été conçue comme une expérience philanthropique et réformiste, se proposant d’offrir un asile aux indigents de Londres souvent emprisonnés pour dettes, et bannissant la consommation d’alcool et la pratique de l’esclavage. Ces expériences ont connu des succès mitigés. Plus tard, au moment de l’Indépendance des colonies, les nouveaux États-Unis d’Amérique ont mis en place une nouvelle expérience démocratique. Si cette dernière est souvent décrite comme « révolutionnaire », ce modèle de démocratie « exceptionnel », pourra être remis en question par sa nature très élitiste.

Dans le domaine littéraire, le rôle important de l’expérience se manifeste également sous les deux aspects du « vécu » et de l’expérimentation. La représentation des réactions de personnages de fiction se développe en effet grâce à l’élaboration d’un nouveau genre littéraire, le roman, dont les premières formes, récits à la première personne et narrations épistolaires, témoignent de l’importance de l’intime dans l’évolution des genres appartenant à la fiction. Pseudo-récits autobiographiques qui sont aussi des bilans d’apprentissage, ces premiers romans, que l’on pourrait qualifier d’expérimentaux, prennent le relais de formes qui avaient triomphé au XVIIe siècle (comme le roman pastoral, par exemple, ou la poésie allégorique). Les romans de Samuel Richardson, Daniel Defoe, Henry Fielding, ou Jonathan Swift témoignent de la dimension morale qui s’attache à l’expérience et qui renvoie parfois au roman picaresque et à ses aventures comiques (chez Fielding notamment) ou qui sert de base à une satire cinglante de la société (comme chez Swift). On peut penser que le rôle accordé à l’expérience personnelle dans le roman au XVIIIe siècle en Grande Bretagne comme en France est une conséquence du triomphe de l’expérience en science et du rejet des autorités qui l’accompagne, et dont on trouve l’expression dans le « Discours préliminaire » à l’Encyclopédie de d’Alembert. En effet, la notion d’expérience permet d’interroger le rapprochement entre science et roman, en d’autres termes l’influence de l’empirisme sur la pratique romanesque et son évolution. On pense aux romans-mémoires de Marivaux, par exemple, où la connaissance naît de l’expérience personnelle, ou encore aux récits de voyage, du Voyage en Perse et en Inde orientale de Chardin (1711) au Voyage autour du monde de Bougainville (1771), dans lesquels les modalités d’une connaissance empiriste sont à l’œuvre, à travers la place primordiale accordée à l’observation et à la perception sensorielle, sans oublier les romans épistolaires à succès du siècle, des Lettres Péruviennes de Graffigny à La Nouvelle Héloïse. Les fictions en viennent même à accueillir des « expériences de pensée », éducatives, notamment, mais pas exclusivement.

On pourra également s’interroger sur la pertinence du terme d’expérience pour qualifier le parcours de la voix poétique au sein des poèmes profanes et religieux de la période moderne. Le poème retrace-t-il, met-il en scène ou au contraire enregistre-t-il une expérience individuelle ou artistique vécue dans l’espace du texte ? Comment l’expérience est-elle représentée en tant que phénomène : passe-t-elle par l’évocation d’un type d’événement, de situation ou encore d’objets matériels faisant partie du quotidien, comme c’est le cas chez les poètes métaphysiques ? Dans la poésie religieuse, l’expérience évoquée par le locuteur ouvre-t-elle un champ où le croyant peut s’émanciper de la théologie et du dogme ?

Dans le domaine de l’action et de la pensée politiques, enfin, on pense à l’expérience acquise par la connaissance de l’histoire et par la lecture des Anciens. Elle peut constituer le socle d’une théorie du gouvernement dans la tradition de l’humanisme civique ou venir valider a posteriori des préceptes de raison (“as shown by reason and experience”). Elle pourra être étudiée dans son rapport avec une pensée d’ordre spéculatif, comme la pensée du droit naturel, par exemple. On pourra également considérer l’irruption de l’histoire chez Hobbes ou chez Locke, et l’articulation de la pensée historique et politique chez Hume. 

Les propositions de communications pourront aborder les sujets suivants (cette liste n’est pas exhaustive) :

— l’expérience comme processus, série d’essais et d’épreuves pour parvenir à la connaissance ou à une certaine forme de sagesse (le Bildungsroman / le roman)

— l’expérimentation générique et formelle dans le domaine littéraire : nouveaux formats, nouvelles façons de représenter l’expérience vécue

— les liens entre la pratique romanesque et l’empirisme

— la religion vécue, les pratiques personnelles des croyants

— l’expérience comme appréhension immédiate (de Dieu, de la connaissance ou de la sagesse)

— l’opposition entre les notions d’expérience et d’innocence (voir par exemple Milton et la reprise du récit de la Chute)

— le statut de l’expérience et l’empirisme en Grande Bretagne, en France et en Amérique du nord au moment de l’avènement de la science moderne

— le statut de l’expérience et du savoir historique dans la théorisation politique

— la colonisation de l’Amérique du nord et la Révolution française comme expériences

*

Les propositions de communications devront présenter une réflexion sur la notion d’expérience, quels que soient le domaine disciplinaire et le contexte abordés. Elles pourront porter sur la France, la Grande Bretagne et/ou l’Amérique du nord aux XVIIe et/ou XVIIIe siècles.

Merci d’envoyer un résumé de 300 mots, ainsi qu’une courte notice biographique, aux membres du comité d’organisation avant le 20 avril 2019 à l’adressejjc2019nanterre@gmail.com. Une réponse sera donnée au plus tard le 15 mai 2019.

 

Bibliographie indicative

Braddick, Michael J. et David L. Smith éds., The Experience of Revolution in Stuart Britain and Ireland, Cambridge, Cambridge University Press, 2011.

Bremer, Francis J. The Puritan Experiment. New England Society From Bradford to Edwards, University Press of New England, 1995.

Duflo, Colas. Les Aventures de Sophie. La philosophie dans le roman au XVIIIe siècle, Paris, CNRS Éditions, 2013.

Dunan-Page, Anne. L’Expérience puritaine. Vies et récits de dissidents (XVIIe-XVIIIesiècle), Paris, Éditions du Cerf, 2017.

Duquaire, Alexandre, Nathalie Kremer et Antoine Eche éds., Les Genres littéraires et l’ambition anthropologique au XVIIIe siècle : expériences et limites, Louvain, Paris, Dudley, MA., Éditions Peeters, 2005.

Egan, Jim. Authorizing Experience: Refigurations of the Body Politic in Seventeenth-Century New England Writings, Princeton, New Jersey, Princeton University Press, 1999.

Fourgnaud, Magali. Le Conte à visée morale et philosophique., De Fénelon à Voltaire, Paris, Classiques Garnier, 2016.

Hammond, Jeffrey A. Sinful Self, Saintly Self: The Puritan Experience of Poetry, Athens, Ga., University of Georgia Press, 1993.

Hamou, Philippe. La Mutation du visible. Essai sur la portée épistémologique des instruments d’optique au XVIIe siècle, Lille, Presses du Septentrion, 2 vols., 1999 et 2001.

Licoppe, Christian. La Formation de la pratique scientifique. Le discours de l’expérience en France et en Angleterre (1630-1820), Paris, La Découverte, 1996.

Martin, Christophe. « Éducations négatives ». Fictions d’expérimentation pédagogiques au XVIIIe siècle, Paris, Classiques Garnier, 2010.

Monferran, Jean-Charles éd. L’Expérience du vers en France à la Renaissance, Paris, PUPS, 2013.

Pavel, Thomas. La Pensée du roman, Paris, Gallimard, 2003.

Van Ruymbeke, Bertrand, L’Amérique avant les États-Unis. Une histoire de l’Amérique anglaise 1497-1776, Paris, Flammarion, 2013.

Vienne, Jean-Michel. Expérience et raison. Les fondements de la morale selon Locke, Paris, Vrin, 1991.

Watt, Ian. The Rise of the Novel. Studies in Defoe, Richardson and Fielding (1957), Berkeley / Los Angeles, University of California Press, 2001.

 

Comité d’organisation

Pour la SEAA 17-18 et le CREA (EA 370) :

Myriam-Isabelle Ducrocq

Laïla Ghermani

Sandrine Parageau

Clotilde Prunier

Laetitia Sansonetti

 

Pour la SFEDS et le CSLF (EA 1586) :

Colas Duflo

Guillaume Peureux

Laurence Vanoflen

 

Pour l’IRePh (EA 373) :

Claire Etchegaray

Philippe Hamou.

CfP: Nihil Obstat: Reading and Circulation of Texts after Censorship
Posted: Friday, March 1, 2019 - 12:48

NYU Global Studies Center, Prague: 17-19 October 2019 

Literary scholars, sociologists, and historians have long explored the processes and ideology of censorship as well as the histories of the censors themselves. Pre-publication censorship practices and the institutions of church and state that foster them have dominated the field of study. Fewer efforts have taken texts after the fact of censorship or have detailed their further intellectual, cultural, and social trajectories. But as Deleuze wrote in Negotiations (1995), "Repressive forces don't stop people expressing themselves, but rather force them to express themselves." While censorship takes various forms, many of them violent, it has tended toward failure, and historically the experience of censorship amongst groups as disparate as 17th century Puritans and 20th century Lithuanian poets is often deeply instructive in the means of subversion, publication, and dissemination. Censorship has informed collecting practices, as with Thomas James, who used the Catholic Index Librorum Prohibitorum to dictate the acquisitions policy of the Bodleian library from the late 16th century onward. Censorship creates new relationships between people and places because it is enforced differently from country to country, even from building to building; for example, in 1984 when the police raided Gay’s the Word bookshop in London to confiscate “obscene” imported books by Oscar Wilde, Tennessee Williams, Kate Millet, and Jean-Paul Sartre, the same titles remained available for loan at Senate House Library a few streets away, and UK publishers continued to publish the same authors unpunished. In the spirit of these examples, this conference seeks to foster an interdisciplinary conversation broaching a larger number of underexplored issues that begin only after the moment of censorship—the excess of argument, collaboration, revision, and in many cases, creative thinking, that are given shape by the experience of suppression.

We are pleased to announce that Hannah Marcus (History of Science, Harvard University) and Gisèle Sapiro (Sociology, Centre national de la recherche scientifique / École des hautes études en sciences sociales) will deliver respective keynote addresses each evening of the conference

This conference aims to be as broad as possible in its geographical, historical, and disciplinary range. The organizers welcome applications from anthropologists, bibliographers, classics scholars, comparative literature scholars, gender studies scholars, historians, philosophers, sociologists, and those within allied fields, including library and information sciences and the publishing industry. The working language of the conference will be English, but participants are naturally encouraged to present research completed in any language(s). The goal of the conference will be to publish the proceedings in a collective volume.

Applications should consist of a title, three-hundred word proposal, and one-page CV, due on May 31, 2019. Accommodations will be available for participants and some funds may be possible for travel assistance within continental Europe. 

Possible topics include:

- The reception history of expurgated, bowderlized, and censored texts

- The social history of reading censored and samizdat editions

- The impact of ‘market censorship’ on the rise of small, independent or clandestine publishing establishments.

- Religious communities formed around mutual practices of censorship

- The history of translation vis-à-vis censored texts

- Publishing within colonized spaces

- Canonical texts’ reception vis-à-vis censored editions

- Strategies for circumventing censorship, i.e. scribal publication and xerography

- Scientific and medical pedagogical traditions employing censored texts

- Teaching censored texts: period pedagogy and teaching practices today

- The contingencies of space and geography in censorship practices and the international circulation of censored texts

- ‘Asymmetric’ publication or the coordination of censored and uncensored editions

- The changing status of texts from uncensored to censors, and the inconsistent enforcement of banned items

- Textual histories of self-censored texts and later full republication

- Reversing censorship

- Bibliographical challenges in book description

- Publishing, marketing, and openly advertising censored texts

- Hermeneutic and exegetical concerns facing censored or expurgated texts

- Classical scholarship built upon expurgated texts and embedded polemical citations

In order to apply, please send the materials detailed above to Brooke Palmieri and John Raimo by May 31, 2019bspalmieri@gmail.com and john.raimo@nyu.edu.

Source: H-France

Call for Submissions: Food Culture and Food History (13th to 19th centuries) Book Series
Posted: Thursday, February 28, 2019 - 10:59

The series Food Culture and Food History (13th to 19th centuries) publishes monographs in the history and culture of food, and invites contributions from different disciplines, historiographic perspectives and methodological approaches. It is open to a long chronological period running from the Middle Ages to the early 19th century, in order to respect the distinctive time frames of food history.

The purview of this series comprises Europe, the Atlantic world, and exchanges with Asia and the Middle East. To this end, the Food Culture and Food History series welcomes both scholarly monographs and edited/collective volumes in English, by both established and early-career researchers.

For more information see: https://www.aup.nl/en/series/food-culture-food-history-13th-19th-centuries

Source: RSA

Call for Submissions: New Book Series: Anthem World Epic and Romance
Posted: Thursday, February 28, 2019 - 10:57

The Anthem World Epic and Romance series publishes rigorous, innovative scholarly studies dealing with epics and chivalric romances from across the globe, both written and oral, in poetry and prose, as well as adaptations in theater and cinema. The series seeks to foster new comparative and cultural understandings of heroic narratives, focusing on literary and geopolitcal context, ranging from antiquity through the medieval and early modern period to contemporary society.

We welcome submissions of proposals for challenging and original works from emerging and established scholars that meet the criteria of our series. We make prompt editorial decisions. Our titles are published in print and e-book editions and are subject to peer review by recognized authorities in the field. Should you wish to send in a proposal for a monograph (mid-length and full-length), edited collection, handbook or companion, reference or course book, please contact us at: proposal@anthempress.com.

Series Editor Jo Ann Cavallo – Columbia University, USA

Editorial Board Catherine Bates – University of Warwick, UK Brenda E. F. Beck – University of Toronto, Canada Joel P. Christensen – Brandeis University, USA Olga M. Davidson – Boston University, USA Ruth Finnegan – Open University, UK Robert P. Goldman – University of California at Berkeley, USA Elizabeth Jeffreys – Oxford University, UK Adeline Johns-Putra – University of Surrey, UK Sharon Kinoshita – University of California at Santa Cruz, USA Elizabeth Oyler – University of Pittsburgh, USA Shyam Manohar Pandey – University of Naples “L’Orientale", Italy Karl Reichl – University of Bonn, Germany Dwight Reynolds – University of California at Santa Barbara, USA Paula Richman – Oberlin College, USA Charles S. Ross – Purdue University, USA Luke Sunderland – Durham University, UK

http://www.anthempress.com/anthem-world-epic-and-romance

Source: RSA

New Publications

Massacre en Provence Le Parlement et les vaudois (1540-1545) (Gabriel Audisio)
Posted: 15 Jun 2022 - 03:05

Gabriel Audisio, Massacre en Provence Le Parlement et les vaudois (1540-1545), Paris, Classsiques Garnier, 2022.

Voici le texte de deux registres du parlement d’Aix, consacrés à la répression de l’hérésie en Provence. Le premier est de 1540, année de l’arrêt de Mérindol contre les vaudois du Luberon ; le second de 1545, année de son exécution. Enfin est expliqué ce retard et montré comment l’exécution tourna au massacre.

Nombre de pages: 314
Parution: 08/06/2022
Collection: Bibliothèque d’histoire de la Renaissance, n° 20
ISBN: 978-2-406-13018-5
ISSN: 2262-4309

Disponible en librairie et sur le site de l'éditeur.

Sophie Guérinot, L’Exil de Marie de Médicis. Actions et informations politiques (1631-1642)
Posted: 15 Jun 2022 - 03:01
Les Comédiens itinérants à Bruxelles au XVIIIe siècle (Jean-Philippe Van Aelbrouck)
Posted: 15 Jun 2022 - 02:54

Jean-Philippe Van Aelbrouck, Les Comédiens itinérants à Bruxelles au XVIIIe siècle, Éditions de l'Université de Bruxelles, 2022.

Comment accède-t-on à la profession d'acteur ? Qu’est-ce qui fait courir le comédien de troupe en troupe et la troupe de ville en ville ? Pourquoi le comédien est-il adulé sur la scène et méprisé à la ville ?

L'histoire et la vie des troupes itinérantes au XVIIIe siècle a fait l’objet de nombreuses monographies, toutes centrées sur un aspect particulier, une ville ou, plus rarement, une région.

L’histoire générale du théâtre nous est cependant bien connue et de nombreuses études en ont analysé les principaux courants littéraires, les événements chronologiques marquants, les transformations architecturales des lieux de représentations. Mais rarement les auteurs de ces études se sont penchés sur la vie d’une troupe, sur ses rapports à l’argent et au pouvoir ; le personnage public de l’acteur en représentation a été étudié et commenté mais on a ignoré le personnage privé qu’il redevient après le spectacle.

Au-delà de la pièce écrite, de la représentation théâtrale et des rôles tenus par les acteurs, notre démarche s’est portée sur le mince espace qui sépare le plateau des loges, ces coulisses où, brusquement, l’acteur redevient homme, où il passe sans transition du personnage honoré au personnage ignoré, où il verse de la magie à la banalité. Comment accède-t-on à la profession d’acteur ? Qu’est-ce qui fait courir le comédien de troupe en troupe et la troupe de ville en ville ? Pourquoi le comédien est-il adulé sur la scène et méprisé à la ville ? Autant de questions auxquelles nous tentons de répondre en jetant un éclairage sur le fait théâtral dans ses rapports avec la société et avec ses différentes composantes, telles que le pouvoir et les « classes sociales », la famille, la religion, l’économie, l’organisation de l’entreprise théâtrale, le nomadisme et le voyage, avec Bruxelles comme plaque tournante.

 

Jean-Philippe Van Aelbrouck est docteur en sciences sociales de l'Université libre de Bruxelles (ULB). Il a été responsable du Service de la danse au ministère de la Communauté française de Belgique et a publié de nombreux articles à propos des arts du spectacle au XVIIIe siècle. Ses publications concernent les comédiens itinérants, l'opéra du quai au Foin et l’Académie royale de musique de Bruxelles. Il a notamment collaboré au projet de recherche la SIEFAR.

 

Disponible en librairie et sur le site de l'éditur.

H-France Forum (In the Wake of Medea: Neoclassical Theater and the Arts of Destruction by J. Cherbuliez )
Posted: 3 Jun 2022 - 15:38

A new issue of H-France Forum has just been published. Edited by David Harrison, the issue is dedicated to Juliette Cherbuliez's interdisciplinary study of the figure of Medea, In the Wake of Medea: Neoclassical Theater and the Arts of Destruction, with review essays by Joe Harris, Isabelle Ligier-Degauque and Zoe Schweitzer, and with a response essay by Juliette Cherbuliez.

https://h-france.net/h-france-forum-volume-17-2022/

Revue «Etudes de lettres» : 317 (2022/1-2) Théâtre et société : réseaux de sociabilité et représentations de la société
Posted: 20 May 2022 - 12:07

Revue «Etudes de lettres» : 317 (2022/1-2) "Théâtre et société : réseaux de sociabilité et représentations de la société",

Édité par Valentina Ponzetto et Jennifer Ruimi

Le théâtre de société correspond à une pratique théâtrale particulière, caractérisée entre autres par l’amateurisme de ses participants. Sociabilité, partage et connivence y sont à l’honneur entre membres de groupes réunis par la passion du théâtre. Entre les scènes montées chez des particuliers et les scènes institutionnelles, entre les «petites sociétés» et la société civile, se tisse une trame complexe de réseaux sociaux, de jeux de pouvoir et de regards critiques. Que disent du monde ces théâtres de société? À quels besoins répondent-ils?

Avec pour cadre celui de l’Europe francophone du «long XVIIIe siècle», ce volume se propose de répondre à ces questions en éclairant le phénomène sous des jours variés allant de la microsociologie à l’esthétique des spectacles, avec une attention portée aux carrières féminines, aux valeurs identitaires et politiques assumées par les pièces, aux représentations de types sociaux ou encore aux mises en abyme métathéâtrales de pratiques spectaculaires.

Son but est de mettre en lumière l’importance du théâtre de société dans la formation des réseaux de sociabilité et des représentations culturelles.

Plus d'informations ici.